Haute couture versus Prêt-à-porter

Haute couture versus Prêt-à-porter

Quand on admire une pièce de créateur dans un musée ou sur le catwalk d’une fashion week, il est évident qu’elle n’a RIEN à voir avec ce qu’on peut se procurer, nous, humbles mortel·les au portefeuille raisonné.

Matières, techniques, temps de confection, savoir-faire artisanal souvent rare, et ajustement parfait sur le corps : voilà ce que la haute couture offre. Pas à nous, mais à certains happy few !

Voici un focus sur ce qui distingue, point par point, la Haute couture du prêt-à-porter.

 

Les matières

  • En Haute Couture, les matières sont reines. Rares, luxueuses, souvent tissées et brodées uniquement pour la maison qui a passé commande, une merveille en pousse une autre. On parle de soies façonnées, de broderies réalisées par la Maison Lesage, de plumes signées Lemarié, de plissés main chez Lognon, ou encore de gaufrages textiles exclusifs. Bref : des trésors de matière première, sublimés par des artisans d’art.

Pour le plaisir des yeux, voici venir un organza de soie vert d'eau travaillé en pétales inversés, fixé sur une base de tulle de la même teinte. 

 

Suit une broderie perlée Haute Couture, flamboyante (je possède un petit métrage de cette merveille à l'atelier que je me ferai un plaisr de vous sortir de mon armoire ...!)

 

Et enfin le dos d'une robe dont les tresses sont teintes dans un dégradé subtil.

 

  • Le prêt-à-porter, lui, doit composer avec la vie quotidienne. Difficile de porter des sequins toute la journée quand on est professeur d'SVT (Vous me direz, why not ? : et ben c'est pas confort confort d'être assis sur des sequins. Même si c'est joli, une pluie de paillettes à chaque fois qu'on ecrit au tableau) Alors on fait simple, plus simple, et les industiels aussi : les tissus sont standardisés, pensés pour être produits en grandes quantités. Les finitions sont nettes mais visibles, les montages simplifiés. La matière se plie aux impératifs de la chaîne de production.

 

Les techniques de confection

  • En Haute Couture, même si certaines étapes passent par la machine, les finitions sont TOUJOURS réalisées à la main. C’est ce qui donne ce caractère précieux à chaque vêtement. Imaginez une « petite main » qualifiée, penchée des heures sur un ourlet pour dompter une robe de 6 mètres de circonférence… Ça fait mal aux yeux, mais ça change tout.

 

 

  • Dans le prêt-à-porter, oubliez les points invisibles à la main. Tout est  optimisé : ourlets piqués, surjets rapides, assemblages mécaniques. Le vêtement doit avant tout être solide, reproductible, et tenir le choc des séries industrielles. Ça manque de charme dit comme ça, mais je me dois de faire une parenthèse : ⬇️

Parenthèse : Les déclinaisons du prêt-à-porter

Quand je dis « prêt-à-porter », je simplifie. En réalité, il y a une gradation :

  • Prêt-à-porter (correctement pensé et produit) : de belles matières, de la qualité mais rationalisée.
  • Fast fashion : matières moyennes, coupes rapides, finitions basiques.
  • Ultra fast fashion : là, on tombe dans l’ignoble (je pèse mes mots). Matières médiocres, finitions bâclées, montage expédié. On n’est plus dans le vêtement, mais dans un simulacre, qui n’est pas pensé pour durer (oh que non) ni conçu pour être transmis (qui en voudrait ?)

 

 

Le temps : le facteur clé

  • En Haute Couture, on ne compte pas. Ni les heures, ni les perles. (Les sous par contre, oui !) Une robe peut nécessiter 600 heures de travail, soit plus de 17 semaines = presque 4 mois de labeur à temps plein. Vertigineux. Premièrement, la recherche de la matière, de la perle rare, puis on passe par l’étape de la toile, des retouches, et des multiples essayages. La perfection prend son temps.
  • En prêt-à-porter, le temps est rationalisé : dessin, patronage, coupe, montage, tout doit s’inscrire dans un calendrier strict. L’objectif est de sortir une collection complète en quelques semaines, pas le temps de niaiser. 

Ici, une robe d'Olivier Roustaing pour Balmain de la collection 2010. Elle a demandé 700 heures (700 h !), uniquement pour la partie broderie. À ces mois de travail s'ajoutent le patronage, le montage, les finitions... : Co-lo-ssal ! Et magnifique...

 

Le sur-mesure

  • En Haute Couture, le vêtement est conçu pour une personne, avec son corps unique, ses proportions particulières. Chaque cliente a sa robe, ajustée à la main. Et chaque cliente a souvent son buste de couture à ses mensurations dans les atelier de la maison.
  • En prêt-à-porter, on travaille avec des tailles standardisées. Et soyons honnêtes : qui fait un 40 « parfait » de haut en bas ? Personne. La plupart d’entre nous jongle entre deux ou trois tailles selon les parties du corps. Résultat : confort et bien-aller sont forcément sacrifiés.

 

Le savoir-faire

  • Les ateliers de Haute Couture rassemblent des artisans aux savoir-faire séculaires : plumassiers, brodeurs, plisseurs, ennoblisseurs, modistes, bottiers, gantiers… Ces métiers sont rares. Chaque vêtement est une pièce d’artisanat d’art.
  • Le prêt-à-porter repose sur une organisation industrielle. Le savoir-faire se concentre dans la conception des collections et la logistique, moins dans la fabrication pièce par pièce. 

 

Labo artistique versus quotidien

La Haute Couture est un laboratoire artistique, un symbole de luxe et d’excellence artisanale, où chaque geste témoigne d'une maitrise et d'un raffinement.

Le prêt-à-porter est un outil de diffusion de la mode dans le quotidien, pensé pour l’accessibilité.

Autrement dit, la Haute Couture fait rêver et le prêt-à-porter nous habille... Deux necessités finalement !


Et moi dans tout ça ?

Quand on crée des vêtements, c’est parce qu’on aime ça : les matières, les tissus, les belles finitions. Personne ne se lève le matin en se disant : « tiens, je vais faire un vêtement moche, mal fini, dans un tissu pourri ». Mais la réalité, c’est que je ne peux pas, en tant que créatrice indépendante, proposer une chemise à 700 € comme Dior ou Chanel.

Alors j’oscille entre ces deux pôles : d’un côté, mon amour pour les belles matières, pour la coupe impeccable ; de l’autre, la nécessité de rendre mes créations accessibles. C’est un équilibre fragile, mais entre l’exception et le quotidien, il y a un espace : c’est là que je couds !

 

 

Entre ces deux extrêmes que sont la Haute Couture et le prêt-à-porter, il existe un territoire précieux : celui de la création indépendante, des mains passionnées, des élèves et des créateurs qui prennent le temps de faire vraiment — avec soin, avec goût, avec une touche personnelle. C’est là que la magie opère : un vêtement pensé pour durer, pour être aimé, et qui raconte une histoire unique, la vôtre ! 

👉 Pour celles et ceux qui souhaitent à leur tour raconter une histoire avec leurs mains, les portes de l'atelier vous sont grandes ouvertes, le temps d'un cours, ou plus ! 

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3 commentaires

C’est clair que ça fait rêver toutes ces perles et matières précieuses, mais malheureusement le compte en banque ne suit pas ! Je suis curieuse, qu’est ce que c’est des soies façonnées ? Merci pour cet article !

Laurence

Carrément magnifique cet article !
Les présentations illustrations mettent des étoiles dans les yeux.c est BEAU .
Merci pour ce partage!

Gardelle helene

Super instructif, effectivement ça fait rêver ! Je ne pensais pas que la différence était aussi marquée…Un jour peut être je pourrais m’offrir une pièce Haute Couture…

Magali du Sartel

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